Les promesses du ciel et de la terre by Claude Michelet

Auteur:Claude Michelet
La langue: fra
Format: epub

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Malgré les soins du docteur Portales, il apparut vite qu'Antoine mettrait longtemps à guérir de sa blessure. Il avait perdu beaucoup de sang et était épuisé, et il fut nécessaire d'extraire quelques plombs oubliés par le vieil Indien et qui s'enkystaient entre les côtes.

Dès qu'il comprit qu'il ne pourrait reprendre la piste avant plusieurs mois – ce qui représentait un manque à gagner considérable –, Antoine réfléchit à la meilleure façon de pallier au plus vite cette situation.

— Il faut trouver une solution, dit-il à Martial qui, en ce samedi soir, était venu lui rendre visite avec Rosemonde.

— Moi, je ne peux pas me dédoubler, prévint Martial. J'ai déjà allongé la tournée sud, et ça me vaut quelques réflexions de mon épouse ! Elle trouve que je suis trop souvent absent, comme dans le temps, en France ! ajouta-t-il en souriant à l'adresse de Rosemonde.

— Pas question d'abandonner le sud pour le nord, approuva Antoine en se redressant douloureusement dans son fauteuil.

Il tenait absolument à se lever chaque jour, aux mêmes heures que naguère, car, disait-il : « C'est à force de rester au lit qu'on y crève ! » Il alluma un cigarillo et reprit :

— Mais si on laisse ma tournée sans personne, les concurrents prendront vite la place, et ils ne manquent pas ! Alors, voilà ce qu'on pourrait faire, on confie carrément l'affaire à Joaquin et…

— Là, ça m'étonnerait qu'Edmond soit d'accord !

— Mais si ! d'ailleurs, comme tu l'as dit quand tu as engagé M. Chou, Edmond s'en fout du moment qu'on écoule sa camelote. De toute façon, on ne le voit plus, Edmond. À croire qu'il nous fuit !

— Faut comprendre, il est un peu gêné. Mets-toi à sa place, sourit Martial.

— Si on avait su, intervint Pauline, on ne vous aurait rien dit !

— Mais nous ne sommes au courant de rien ! On n'a rien vu, nous ! plaisanta Martial. Et puis, Edmond fait ce qu'il veut avec qui il veut ; mais faut reconnaître qu'il n'a pas mauvais goût ; elle est mignonne, la femme du banquier… Bon, dit-il en retrouvant son sérieux, tu crois vraiment que Joaquin fera l'affaire ?

— Oui.

— Mais il ne sait ni lire ni écrire ! dit Rosemonde.

— Je sais, reconnut Antoine, mais il sait compter, et très bien même. De plus, je crois qu'il peut faire un vendeur correct. Enfin, il ne se laisse pas marcher sur les pieds…

— C'est le moins qu'on puisse dire, approuva Martial.

— Surtout, il a fait preuve de son honnêteté, poursuivit Antoine. Parce qu'entre nous, quand il a eu réglé son compte à l'autre voyou, rien ni personne ne l'obligeait à s'occuper de moi. S'il voulait, il pouvait me laisser crever, et ça n'aurait pas été long. Oui, il pouvait me faire les poches, sauter dans le chariot et filer en Argentine par le Paso del Agua Negra. En cette saison, c'est faisable, surtout pour un homme comme lui… Enfin, si tu as une autre solution…

— Non, reconnut Martial après

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